Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 19:06

  Synopsis : L’histoire d’une jeune fille Iranienne, Marjane, pleine de rêves. A huit ans, elle est encore choyée par ses parents et grands-parents, lorsque sa vie bascule suite à l’instauration de la République islamique. C’est le début du temps des « commissaires de la révolution », qui contrôlent tout et notamment les tenues et les comportements. La jeune iranienne doit faire face à ce bouleversement, amplifié par la guerre contre l’Irak. Bombardements, privations et perte de ses proches : dans un contexte de plus en plus pénible, Marjane finit par s’affirmer et à entamer une certaine rébellion. Ses parents choisissent alors de l’envoyer en Europe… Elle y découvrira la solitude, la liberté, l’amour et la différence.

 

   Quadruple roman graphique au succès récent, auréolé de nombreux prix littéraires, l’histoire autobiographique de Marjane Satrapi frappe avec le même impact satirique le spectateur de 2007. Le film d’animation, réalisé en commun avec Vincent Paronnaud, est traité sur l’équivalent graphique de la bande dessinée : un style épuré en noir et blanc et un ton incisif, placé entre caricature et semi-réalisme, à la manière du dessin de presse.

   La vie de l’auteur et l’aspect carnet intime des albums comme du film en font une galerie de portraits, une suite de silhouettes tantôt rassurantes, tantôt sinistres...

 



 
 L’affiche française (design de l'affichiste Pierre Collier d'après les dessins de Marjane Satrapi) est la traduction de cette réflexion sur une vie de famille idéalisée par les souvenirs d’enfance. L’influence et la relation aux parents comme à une grand-mère vénérée aux côtés de laquelle se place Marjane Satrapi sont immédiatement perceptibles. Il n’y a, par conséquent, aucune présence sur l’affiche d’une quelconque violence, ni physique ni psychologique, ni évocation d’un poids historique, politique ou religieux. Ce qui doit frapper, quand on connait l’œuvre mise à l’affiche, c’est le contraste entre la réalité d’un véritable état policier et la sérénité très occidentale (immeubles en arrière plan, pas de signes religieux ou ethniques, ni de vêtements traditionnels) d’une famille montrée comme irrésistiblement unie. Le titre Persépolis (du nom de la capitale de l’Empire Perse Achéménide, du VIème au IVème siècle avant J.C.) s’en réfère de la même manière à un univers fédéré et uni, mais dont la destruction (par Alexandre le Grand en 331 av. J.C.) est seule annonciatrice de la fin des temps. Marjane Satrapi, enfant confiante, seule habillée en blanc et noir, face à un monde adulte plus sombre et monolithique, illustre physiquement ce brusque glissement d’une époque à une autre. Noir et blanc, encore, pour le titre et le fond de l’affiche, pour le rapport entre rêve (bleu…), souvenir et réalité.

 

 
 



   Il est intéressant de constater les modifications apportées dans la version américaine de l’affiche : outre les mentions de critiques élogieuses et du prix de la sélection cannoise, c’est le  choix du recentrage sur la famille, et par conséquent la disparition de l’arrière-plan urbain visible sur la version française.

  Est-ce à dire que pour le spectateur anglo-saxon lambda, l’adéquation thématique entre Proche-Orient et urbanité est uniquement signifiante de « terrorisme », dans un cinéma désormais post 11 Septembre 2001 ? Une seconde version américaine de l’affiche nous en apporte une réponse engagée : l’accroche virulente (Le film que l’Iran ne voulait pas laisser voir au monde), le choix de montrer Marjane Satrapi (enfant) en opposition/rébellion avec le cercle intime familial tout autant qu’avec les conventions sociales et religieuses traditionnelles, dans une pensée (adulte) désabusée mais résolument féministe (les yeux ouverts et la cigarette-crayon à la main, dans une reprise directe d’une scène du film), nous désigne Persépolis comme l’équivalent des Versets Sataniques de Salman Rushdie : un pamphlet révolutionnaire, traduit par le vêtement rouge porté par l’auteur sur cette version, en accord avec le personnage dans le film, et à la différence de la version album, uniquement en noir et blanc… Le choix d’acteurs connus pour leurs différents engagements politiques (Sean Penn en tête) va dans le même sens.

 Dire de Persépolis que c’est une œuvre engagée, donc, est un faible mot : la voix des femmes est assurément plus directe que celle des hommes, en Art comme en politique, et Marjane Satrapi n’a pas la langue dans sa poche… La force de son graphisme, comme l’affiche l’indique, c’est aussi de resituer son combat dans le souvenir et la perspective historique, de le faire avec un humour frondeur et une lucidité désarmante, et finalement de vaincre ainsi triplement (la seconde affiche américaine nous montre du reste trois fois l’auteur) les derniers préjugés avec l'énergie de son "réalisme stylisé".

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

G
Je trouve que ce film est très touchant, je fais mon oral dessus
Répondre
0
Je ne l'aime pas spécialement mais je dois reconnaitre qu'il est bien fait ce film et que du côté historique il est très bien !
Répondre
E
De la belle merde ce film obligé de faire un devoir dessus
Répondre
0
Tu sais pas besoin d'être grossier moi aussi je dois faire un devoir dessus et je ne me plain pas et je reste poli
A
je trouve que ce film est très intéressant même si il est quand même très vulgaire. <br /> j'aime beaucoup le contexte de l'histoire.
Répondre
A
je trouve que ce film est très intéressant même si il est quand même très vulgaire. <br /> j'aime beaucoup le contexte de l'histoire.
Répondre

Présentation

  • : Décryptage d'affiche de films
  • : Les affiches de films sont des papillons de la nuit du Cinéma : multicolores, éphémères et éternelles à la fois... Invitation, trace, mémoire d'un film ou d'un genre, l'affiche en tant qu'oeuvre visuelle ne saurait être démentie, mais comment la déchiffrer, qu'en saisir et que nous dit-elle finalement, à nous, spectateurs ?
  • Contact

Recherche

Archives

Pages