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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 18:08

 Synopsis : Alors qu'il construit un immense barrage, un ingénieur perd son fils en pleine jungle amazonienne. Après dix ans de recherches, il apprend qu'un jeune Blanc vit au milieu d'une tribu d'Indiens, les "Invisibles". Il part à sa rencontre…

   Classique écologique instantané de John Boorman, du reste basé sur une histoire vraie, la Forêt d’Emeraude (sortie France le 4 Juillet 1984) ré-ouvre au monde contemporain industrialisé un nouvel espace mythique, intime et menacé de disparition. Situé à la lisière permanente des deux mondes, la forêt et ses habitants comme le héros du film (Tommy, incarné par le propre fils de John Boorman) oscille entre matérialité et spiritualité, avoir et être, vouloir et pouvoir. De la canopée jusqu’aux eaux des méandres de l’Amazone se distille donc une magie primitive, un émerveillement coloré tout autant qu’une crainte de voir cet univers basculé, dévoré par les machines et la technologie. Film naturaliste et ethnologique, se camouflant, semi-invisible, derrière le traditionnel film d’apprentissage, la Forêt d’Emeraude sait en fait illustrer parfaitement la notion de paradis perdu.

 



 

  L’affiche promotionnelle américaine fut conçue sur des délais assez courts et « vend » à l’évidence le film uniquement sur une tonalité aventureuse, afin de profiter du succès des productions de l’époque (Indiana Jones et le temple Maudit (S. Spielberg - 1984), A la poursuite du Diamant Vert (R. Zemeckis - 1984)). Cette mise en relation est rendue évidente de par la présence d’un logo-titre fait « à la manière … » du serial exotique d’antan, mais à rapprocher également de la typographie choisie par Bob Peak pour le design d’Apocalypse Now (F.F. Coppola - 1979 et  2001). On en retiendra essentiellement une confrontation saisissable entre l’indigène, indien amazone, et celui que l’on suppose (à tort) être le héros, archétype de l’aventurier-baroudeur et chasseur blanc surarmé… Cette fausse frontalité duelle est précisée en une accroche assez longue (« Quel type d’homme retournerait, année après année pendant dix ans, pour sauver un jeune garçon disparu, dans la jungle la plus sauvage au monde ? Son père. ») dans l’évocation d’un lien filial, qu’entravent visuellement l’obstacle naturel de la forêt et une méconnaissance réciproque. Cette dernière est traduite sur l’affiche par les armes (carabine et arc/flèches propres au genre Western) et un palier différent, l’Indien restant sensiblement supérieur à l’Homme blanc.

 



 
 Pour l’affiche française, la promotion bénéficia d’un visuel entièrement revu et plus respectueux des propos du film, tandis qu’elle était également revisitée sur les territoires anglo-saxons : une affiche « critique » flatteuse et la traditionnelle affiche britannique au format paysage (UK Quad) complétèrent le matériel promotionnel initial. La forêt amazonienne y redevient l’élément principal, passant du statut de jungle-décorum à celui de véritable univers enchanteresque, où la lumière quasi divine tombant des cimes accompagne l’inflorescence et les couleurs naturellement verdâtres de la jungle tropicale. Sous un titrage enfin explicite, les « Invisibles » sont justement représentés dans une position respectueuse de la Mère-Nature, mais craintive du hors-champ inconnu que peut constituer l’Autre, et par conséquent le spectateur observé.

 


 
  Inscrit en marge des genres prédominants dans les années 1980, le film de John Boorman, installé en lisière du monde vivant, sait aussi se faire contempler comme authentique cadre de préservation philosophique d’une Nature enfin magnifiée à sa juste mesure, mais inéluctablement désenchantée dans sa destruction prédatrice.

 

 

Voir le dossier consacré et les citations de la revue Positif :

 

http://www.abc-lefrance.com/fiches/Foretdemeraude.pdf

 

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