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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 21:45

 Synopsis : Mexico.Trois adolescents des quartiers pauvres pénètrent dans l'enceinte de La Zona, une cité résidentielle aisée, entourée de murs et protégée par un service de sécurité privé. Ils s'introduisent dans l'une des maisons, mais le cambriolage tourne mal. Plutôt que de prévenir les autorités, les résidents décident de se faire justice eux-mêmes. Une chasse à l'homme sans pitié commence...

 



 Terrifiante description du syndrome du « tout sécuritaire » et de ses dérives, La Zona, propriété privée (Rodrigo Pla - sortie en salles le 26 Mars 2008), est une immersion en  noire et rouge dans l’âme humaine. Noir et rouge car ces deux couleurs sont annoncées dès l’affiche, et que l’on pressent, outre la présence du mot « thriller » repris à la critique du magazine Studio, que l’ambiance polar, les conflits sociaux, les haines et les enjeux de possession vont très vite faire couler le sang d’innocents.

 
  Ce qui rend l’affiche frappante, c’est le visage adolescent coupé en deux verticalement et déjà marqué d’une balafre en forme de croix latine, sur un fond rouge qui le transforme en martyr annoncé (ce n’est d’ailleurs pas le véritable personnage central du film, mais bien le sujet de la chasse à l’homme). C’est également tout ce qui semble s’opposer à ce visage unique : les caméras de sécurité et les barbelés dignes d’un univers aliénant policier, et la violence induite par la  logique du « tout » ou du groupe contre la pensée et l’existence d’un seul… La chute annoncée d’un système qui vacille sur ses propres bases, enfin, par un design général qui évoque aussi une vitre brisée ou un puzzle aux zones trop morcelées pour vraiment pouvoir se rejoindre. Le vertige inhérent à ce design vient de ce glissement fatal que personne n’est plus en mesure d’arrêter : regard frontal, arme braquée vers le spectateur de l’affiche et caméra espionne à l’œil dénonciateur autant que persécuteur.  

 
 Le noir, le rouge et le blanc forment le titre qui fait correspondre son « la » avec le véritable sujet-personnage du film, ce que la fameuse « propriété privée » est par ailleurs, bien qu’invisible sur l’affiche, à l’inverse des quartiers pauvres de Mexico (visibles derrière les barbelés en haut  à droite). Est-ce à dire que l’affiche se joue elle-même du vide et du plein, du non-dit et de la dénonciation, de l’adolescence perdue et de l’état adulte dévoyé, du privé et du public, de la vérité et du mensonge ? Oui, car elle est texte ET image, parole ET regard enfin réunis pour témoigner d’un état de fait comme de la réalité du quotidien sud américain. La force, les armes et la police sont toutes contenues dans la sphère privée, comprise comme prison d’un faux Eden qui n’est qu’un artéfact fragile, tandis que l’enfance nue est offerte au public, comme sacrifice engagé et potentiellement salvateur.

 

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  • : Les affiches de films sont des papillons de la nuit du Cinéma : multicolores, éphémères et éternelles à la fois... Invitation, trace, mémoire d'un film ou d'un genre, l'affiche en tant qu'oeuvre visuelle ne saurait être démentie, mais comment la déchiffrer, qu'en saisir et que nous dit-elle finalement, à nous, spectateurs ?
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