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  2. Le sens de la provocation ?

  Sur nombre d’affiches, les jeunes seconds rôles féminins sont mises en valeur et la seule scène un peu aguichante sert d’image principale, pour ne pas dire suggestive. Le principe n’est pas nouveau puisque déjà, en 1912, l’une des premières versions filmés du roman Quo Vadis (E.Guazzoni) avait été vendue en utilisant justement la scène la plus suggestive de ce drame, celle du  supplice de la jeune chrétienne Lydie, attachée lascivement aux cornes d’un taureau. Dans la version de Mervyn Leroy de 1951, ce sont les passions, flammes et amour déchaînées qui se répondent sur le visuel de l’affiche.

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 Certains graphistes se permettent même de retoucher les images de films étrangers lors de leur sortie nationale, comme sur les affiches des James Bond (voir chapitre consacré). Autres exemples : l’affiche française (n’ayant déjà plus qu’un lien de cousinage avec la très graphique affiche US, inspirée du style de l’illustrateur Spain Rodriguez, comme celle du film
Dick Tracy (W.Beatty - 1990)) des Rues de feu de Walter Hill (1984), où Diane Lane y voyait sa robe raccourcir d’une bonne dizaine de centimètres ; Resident Evil de Paul Anderson (2001), lorsque l’affiche mise sur le physique avantageux des deux actrices, et s’éloigne du genre Horreur qui est pourtant celui du film comme du jeu vidéo dont il est adapté (dans une tentative marketing évidente du reste de copier l’affiche de Tomb Raider (S.West), parue en 2001).

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En comparaison, le sulfureux
Showgirls de Paul Verhoeven effectua une promotion moins tendancieuse en 1995, puisque d’une part affirmée dès les origines avec le sujet du film (le monde du strip-tease à Las Vegas), et d’autre part avec la volonté évidente de rebondir sur le succès précédent de Basic Instinct (1992), du même réalisateur. À l’inverse, et alors qu’il s’agissait d’un film policier, l’affiche de Péril en la demeure de Michel Deville fut jugée « trop osée et trop provocante par la commission de contrôle du CNC (on y voyait Nicole Garcia et Christophe Malavoy nus dans une position non équivoque) ; finalement, Jack Lang, alors Ministre de la Culture, donna son autorisation… La France est assez sensible sur le sujet puisqu’on se souviendra aussi de la polémique entourant l’affiche d’Harcèlement réalisé par Barry Levinson en 1994 (voir au paragraphe 4 de ce chapitre).

 


On pourra noter que les bandes-annonces vont dans le même sens que l’affichage urbain : la bande-annonce américaine du Pacte des loups (C.Gans - 2001) n’évoque jamais l’histoire d’amour pourtant au centre de l’intrigue (Émilie Dequenne est même complètement absente du
teaser).En revanche, elle montre Monica Belluci sous (presque) toutes les coutures…

Autant le dire et cela dès le titre si l’image ne suffit pas. On a vu fleurir, notamment depuis le succès de la série Sex and the city (lancée en 1998 par HBO en prime-time, la série révolutionna la fiction à la télévision par son franc parler décomplexé ; elle arriva en 2000 en France), des films pour teenagers avec le mot sexe dans le titre : Sexcrimes (J.MacNaughton - 1997), All about sex (J. Silverman - 1998), Sexe et autres complications (D.Ross - 1998), Let’s talk about sex (T.beyer - 1998), Sexe intentions (R.Kumble - 1998), Sexe attitudes (M.Cristofer - 1999), Sex academy (J.Gallen - 2001), … Pour Sexe intentions, il s’agit d’une traduction, ni française, ni anglaise, d’un titre original, Cruel Intentions ( sorti en juin 1999 en France) ne contenant aucune connotation sexuelle, même si les deux titres sont parfaitement adaptés à cette relecture moderne des Liaisons dangereuses. Le visuel de l’affiche suit le même principe de survente du film.   Et que dire de ce titre original, Wild Things, devenu Sexcrimes en France en 1997 ?

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La provocation demeure un argument de vente, et ce quel que soit la thématique déclinée par le film : violence, sexualité ou religion en sont les meilleurs exemples dans nos sociétés contemporaines. Habituée aux polémiques, Catherine Breillat s’était vue discuter en 1999 le droit de sortir son film Romance, au ton sexuellement dérangeant et cru. Le même ton iconoclaste, entre sexe et violence, sera à l’affiche en 2001 de son Baise-moi, à l’affiche cependant un peu plus passe-partout malgré son titre choc, ses couleurs vives et l’encarté « version dure », expurgé de tout autre nom (voir encadré).

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     Outre la nudité, on est en droit parfois de se poser des questions sur la représentation de la femme comme objet sexuel ou objet fantasmé, en lieu et place de l’affiche même du film. Un bon (ou mauvais ?) exemple serait l’affiche du film La secrétaire (S. Shainberg - 2003) qui se passe de commentaires… Parfois, c’est la sexualité masculine qui est mise à l’affiche de manière provocante, mais en général, sur un ton beaucoup plus léger et humoristique que dans les cas féminins. Ainsi de ces deux affiches récentes pour Gigolo malgré lui (M.Bigelow - 2005) et  40 jours et 40 nuits (M.Lehmann - 2002) dont le 1er visuel « ciblé » ne sera d’ailleurs pas repris en France.

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VIOLENCE, PORNOGRAPHIE…
PEUT-ON TOUT DIRE

ET

TOUT MONTRER

AU CINEMA ?


  A en juger par la diversité des films diffusés en France et des sujets dont ils traitent, on pourrait n'avoir aucun doute sur la totale liberté d'expression des auteurs de cinéma.

 

L'affaire Baise moi est cependant venue rappeler en 2001 que l'expression cinématographique peut être soumise à une certaine forme de censure.

L'annulation du visa d'exploitation du film de Virginie Despentes et de Coralie Trinh Thi, au motif que celui-ci aurait du être classé dans la catégorie des films X, et les poursuites exercées contre Marin Karmitz, directeur du réseau de salles MK2, qui a maintenu ce film à l'affiche, ne sont en fait que quelques unes des mesures qui peuvent être prises pour interdire ou limiter la diffusion d'une œuvre cinématographique.

 

  Un auteur qui veut être certain de toucher sans risque le plus grand nombre de spectateurs ne peut ignorer les différents contrôles qui s'exercent sur le message et les images qu'il destine au public .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • : Décryptage d'affiche de films
  • : Les affiches de films sont des papillons de la nuit du Cinéma : multicolores, éphémères et éternelles à la fois... Invitation, trace, mémoire d'un film ou d'un genre, l'affiche en tant qu'oeuvre visuelle ne saurait être démentie, mais comment la déchiffrer, qu'en saisir et que nous dit-elle finalement, à nous, spectateurs ?
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