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CHAPITRE Introductif - Quand le cinema s'affiche...


 

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Jules Chéret (1836-1932), père de l'affiche au Cinéma....


Sommaire :

  • 1. Une brève histoire de l'affiche de film ?
  • 2. Préaffiche, teaser, pantalon, bandeau et affichette...
  • 3. Les caractéristiques de l'affiche de film contemporaine
  • 4. L'affiche en tête ?

 


 

  Introduction

 

  Elle est partout autour de nous, publicitaire ou de cinéma,  mais à un point tel que, noyée au milieu de notre monde médiatique et informationnel, on ne la distingue plus des autres images. Pourtant l'affiche recèle mille richesses, tant au niveau de sa conception graphique que du support de projection fétichiste qu'elle peut devenir.

 

  Voir une affiche, c'est imaginer ou revoir un film, revivre une époque, entendre une chanson ou un thème de bande originale... et pourquoi pas penser à redécorer son intérieur !

 

  De plus, l'affiche a aujourd'hui quelque chose de joliment anachronique : faite de papier, fixée à un mur, elle donne autant à fantasmer qu'à voir. Contre la tendance actuelle à l'avalanche continue d'images anonymes, il est bon parfois de s'arrêter un instant devant une image, et en particulier une affiche de film...

 

 1. Une brève histoire de l'affiche de film

L'affiche de cinéma a toujours eu pour fonction non seulement d'informer, mais de frapper l'imagination en proposant une vision suggestive du film dont elle devait faire la promotion. Son évolution témoigne de celle du 7ème Art tout entier.cinema2.jpg

Le premier artiste à  avoir été crédité pour avoir inventé l'affiche de film fut Jules Chéret, (1836-1932) un ouvrier lithographe proche de l'art nouveau, et qui, dans les années 1890, créa deux compositions, l'une pour un court film appelé Projections artistiques et l'autre pour le célèbre programme de théâtre optique du Musée Grévin intitulé Pantomines lumineuses (E.Reynaud, 1892). L'affiche ne comportait alors ni le titre du film ni ceux des principaux interprètes mais uniquement le nom de la firme qui les produisait. En 1895, l'affiche de L'arroseur arrosé est la première affiche dessinée (par Marcelin Auzolle) pour un film précis dont elle illustre réellement l'image, bien que n'en portant toujours  pas le titre (voir illustration au chap..4). Les années 1900 marqueront l'avènement du cinématographe avec le début des réels tournages en extérieur et  en studios, de procédés de cadrages novateurs et de la diversification des Genres. Le vol du rapide (E. S. Porter, 1903) est ainsi le premier Western de l'histoire et le premier film de cinéma à grand spectacle, contribuant à multiplier les initiatives de l'industrie autour de la publicité. L'affiche commence par adopter un standard dans ses proportions, de 70 x 100 cm puis au format encore actuel de 120 x 160 cm. 

  Entre 1910 et 1920, les premières stars sont encore totalement inconnues, à de très rares exceptions, et leurs noms n'apparaissent pas systématiquement sur les affiches. Ces dernières, cependant, se structurent peu à peu autour d'une grande illustration couleur, d'un titre en grosses lettres et également de couleur, de la mention du studio de production, du nom du metteur en scène et éventuellement du lieu de représentation. La fin de la période voit la promotion des films se radicaliser aux Etats Unis autour des nouveaux acteurs et en fonction des genres dont ils sont les moteurs : Douglas Fairbanks et Rudolph Valentino pour l'Aventure, Charlie Chaplin et Buster Keaton pour la Comédie, ... ou  Mickey Mouse pour le Film d'animation !

  Des artistes accomplis tracent le portrait des principaux artistes du nouveau Cinéma parlant dès 1927 (Le chanteur de jazz, A. Crosland) afin qu'ils soient réutilisables par les studios via les affiches. 



Affiches de Fantômas (L. Feuillade, 1914) et des  Temps modernes (C. Chaplin, 1936) : de la promotion du héros à celle de l'acteur...

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Les années 1930 sont l'Age d'or du film hollywoodien : le renouveau du muet n'affecte pas les studios et les réalisateurs qui rivalisent d'imagination  pour produire des films de genres aptes à plaire au grand public. Comédies musicales, films policiers, Westerns et films fantastiques (King Kong, M.C. Cooper, 1933) et d'horreurs forment de grandes familles dans l'usinage notamment américain, ce qui n'empêche pas à la fin de la période, la sortie simultanée d'Autant en emporte le vent (V. Fleming, 1939), apogée du film de producteur, et celle de Citizen Kane (O. Welles, 1941), monument du film d'auteur. Deux formats nouveaux d'affiches sont créés pendant cette décade : le 40 x 60 cm et le gigantesque 4 x 3 m, en dépit de la crise de 1929 qui entraîne une baisse qualitative de l'illustration et de la qualité du papier.

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  Les années 1940 et 1950 furent  avant tout celles du cinéma engagé dans la Seconde Guerre mondiale : si le film de guerre fut le genre premier, sinon prioritaire, de nombreuses stars accompagnèrent l'effort militaire sur le terrain comme sur les plateaux. Les coûts de production furent minimisé partout où cela était possible, en particulier dans la publicité où les artistes furent également détournés dans un but de propagande politique à grande échelle, comme le furent Walt Disney, Charlie Chaplin,  Humphrey Bogart ou John Wayne.

   En France, l'Occupation ne permet qu'à de rares chefs d'œuvres de voir le jour, dont Les enfants du paradis (M. Carné, 1945) et Le corbeau (H.G. Clouzot). Les films des années 1950 s'affranchirent enfin de ces contraintes pour offrir à tous points de vues un spectacle plus heureux, héroïque et en cinémascope, dont Chantons sous la pluie (S. Donnen et C. Charisse, 1952), Le pont de la rivière Kwai  (D. Lean, 1957) et  Ben Hur (W. Wyler, 1959) furent les archétypes. La fin de la période voit l'émergence de la télévision, des drive-in et des magazines de fans. Les affiches de cinéma s'alignent sur cette concurrence pour favoriser la photographie couleur et un lettrage d'un genre nouveau. Les affichistes dits du star system (affiches où sont privilégiées le visage de l'acteur en gros plan), sortis des écoles d'art appliqués, abandonnent les couleurs vives  et les représentations réalistes systématiques au profit d'une image clef du film à laquelle ils confèrent une valeur symbolique. La caricature, très présente depuis les années‘20, se tourne vers le photomontage, qui précède ainsi une nouvelle Vague de talents dont la Fureur de vivre (N. Ray) ouvre la porte dès 1955.

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  De 1960 à 1980, la transition se fait entre la vieille école, le règne prépondérant des Majors et les indépendants, influencé par le cinéma d'auteur européen et mondial. Certains genres disparaissent, comme le Western ou le Péplum, remplacé par le film historique et épique,après avoir laissé d'admirables derniers feux comme Spartacus (S. Kubrick, 1960), Les sept mercenaires (J. Sturges, 1960),  L'homme qui tua Liberty Valence (J. Ford, 1962) ou Cléopâtre (J.L.Mankiewicz, 1963). D'autres genres, comme le Fantastique, la Guerre ou le Policier, se modifient pour adopter un ton plus cynique, plus violent et où le sexe est plus présent, des Oiseaux (A. Hitchcock, 1963) aux Douze salopards (R. Aldrich, 1967) en passant par les James Bond (Docteur No en 1962, T. Young), Le cercle rouge (J.P. Melville, 1970) et Little Big Man (A. Penn, 1970). Dans les années 1970, de nouveaux mythes font leur apparition, liés à de nouvelles stars comme Steve Mac Queen, Clint Eastwood, Jean- Paul Belmondo, Al Pacino, Sylvester Stallone ou Harrison Ford. La Science Fiction notamment marque le triomphe des effets spéciaux et permet une nouvelle approche du marketing, dont Star Wars (G. Lucas, 1977), Star Trek (R. Wise, 1979) et Superman (R. Donner, 1978)  seront par la suite les plus populaires icônes, à travers des séries entières d'affiches conçues pour les fans.

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Les années 1980 et 1990 sont celles des premiers films blockbusters à effets spéciaux mais aussi des films fleuves  adaptés de romans célèbres. Georges Lucas, Steven Spielberg, Robert Zemeckis, Ridley Scott, Tim Burton et James Cameron côtoient ainsi Martin Scorcèse, Peter Weir, Milos Forman, John Boorman, Sidney Pollack, Luc Besson, Jean-Jacques Annaud, Louis Malle, Roman Polanski ou, à la fin de la période, de nouveaux venus comme  Jean-Pierre Jeunet, Sam Mendes, Anthony Minghella, David Fincher, Steven Soderbergh et Peter Jackson. Le Cinéma occupe un nombre chaque année plus importante de salles, popularise la mini affichette et ouvre aussi le marché des vidéocassettes dès 1975 puis des DVD en 1997. Jaquettes et affiches spécifiques relayant les critiques de la presse sont créées pour cette double occasion. A l’aube des années 2000, toutes les formes d’affiches sont utilisées mais c’est surtout le contenu type qui s’est lentement transformé afin d’offrir aux yeux du public toute la matière pour l’attirer dans les salles : préaffiches et support Internet, affiches officielles et bannières de présentation des personnages, publicités de toutes sortes ne font qu’entraîner l’œil entre ombre et lumière, héros et titres prestigieux… pour une projection artistique digne des débuts du 7ème Art.

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  • : Décryptage d'affiche de films
  • : Les affiches de films sont des papillons de la nuit du Cinéma : multicolores, éphémères et éternelles à la fois... Invitation, trace, mémoire d'un film ou d'un genre, l'affiche en tant qu'oeuvre visuelle ne saurait être démentie, mais comment la déchiffrer, qu'en saisir et que nous dit-elle finalement, à nous, spectateurs ?
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