Synopsis : Pierre Collier est mort... Assassiné chez le sénateur Henri Pages au cours d'un week-end de villégiature. Sa femme, Claire, est la coupable désignée. Elle a été arrêtée un revolver à la main à côté de la victime. Sans doute a-t-elle des raisons d'avoir voulu se venger de son mari volage.
Pourtant, les apparences peuvent être trompeuses. L'arme n'est pas celle du crime, et chaque invité devient un suspect potentiel. Esther, la maîtresse de Pierre, Léa, son amour de jeunesse humiliée, Philippe, son rival. Et pourquoi pas le sénateur en personne, passionné par les armes à feu ?
Une affaire complexe à résoudre pour le lieutenant Grange, surtout lorsqu'un deuxième meurtre la fait rebondir...
Avec Le Grand Alibi de Pascal Bonitzer (Sortie en salles le 30 Avril 2008), le spectateur est replongé dans l’ambiance policière des romans à énigmes anglo-saxons (genre désigné par l’anglicisme whodunit, se traduisant par « qui l’a fait ? »), genre phare des années 1920-1950 ayant popularisé les œuvres d’Agatha Christie, John Dickson Carr ou Ellery Queen. Comme précisé sur l’affiche, Le Grand alibi est une adaptation du récit d’A. Christie intitulé Le Vallon (1946), dans lequel Hercule Poirot doit résoudre le mystère de l’assassinat d’un médecin dans la propriété qui donne son nom au roman : la partie strictement « policière » y est très réduite, au profit d’une étude de mœurs. Pascal Bonitzer supprime quant à lui le personnage du célèbre enquêteur belge de son film.
L’affiche française est signée du dessinateur Jean-Claude Floch (dit Floc’h), un habitué de ce type de réalisations, qui illustre ici son 14ème film (voir l’ensemble de ses affiches sur le blog dédié : http://lhommedanslafoule.blogspot.com/2008/04/cinma-depuis-1977.html) et sa deuxième collaboration avec Pascal Bonitzer après Petites coupures en 2003. La filiation entre les personnages-pions représentés est le célèbre jeu du Cluedo (imaginé en Angleterre en 1943) est immédiate : on remarquera par conséquent un lien entre une précédente adaptation filmique de cet univers (Cluedo de J. Lynn - 1985) et le film au titre homonyme d’Alfred Hitchcock (Stage fright en VO - 1950).
Une autre filiation discrète de l’affiche - due au style ligne claire et bande dessinée franco-belge de Floc’h - est sans conteste une inspiration inconsciente des couvertures des albums de Ric Hochet (créé par Tibet et André Paul Duchâteau en 1955 au sein du journal Tintin), dont plusieurs se rapprochent du présent visuel (voir par exemple le t. 36, la flèche de sang (1983) ou le t.66, Penthouse Story (2002)). Jean-Claude Floc’h ne cache du reste ni sa passion pour les films et bandes dessinées policières et fantastiques (celles de H.P. Jacobs et d’Hergé en tête), ni sa propre volonté d’en donner une vision renouvelée et hommage à la fois (voir ses travaux avec François Rivière, notamment sur la série Albany & Sturgess chez Dargaud).
La question naturellement posée par le spectateur-enquêteur est de savoir si, oui ou non, l’affiche comporte son lot d’indices et de preuves, alors même que, sur les 10 noms présents au générique en bas de l’affiche, 9 seulement sont directement illustrés par les différents pions, plus une main gantée de droitier braquant un pistolet Beretta sur Lambert Wilson, qui interprète fortuitement la victime (le docteur Pierre Collier)… Le dossier de presse du film fournit en outre 3 personnages supplémentaires, dont l’un est le 10ème nom (non illustré) de l’affiche. On remarquera enfin la volonté d’inscrire l’affiche et le film comme un jeu, de par des coins arrondis référents d’une carte à jouer : étrange puzzle policier offrant in fine 12 visages (et non 9…), soit la totalité des quatre quatuors de valets, dames et rois, avec une fine redistribution des rôles féminins et masculins.
Difficile d’en dire plus, car la suite et la résolution appartiennent à l’intrigue et à son dénouement… autant qu’au désir du réalisateur de jouer avec la sagacité de ses enquêteurs-spectateurs.